Recruter pour mieux former

Tiphaine Réto

Pour faire face à la pénurie des ingénieurs d'affaires, certaines entreprises ont pris la décision de former elles-mêmes les jeunes ingénieurs pour leur apprendre les ficelles du marketing et du management. GSE, leader européen de la construction industrielle, a été la première à créer un système de « promo » interne, en 2007. Entretien avec Karine Nègre, responsable de la formation technique chez GSE.

Comment est née la première promo GSE ?

Nous souhaitions ne plus subir l'impact de la pénurie d'ingénieurs qualifiés sur un marché très actif ces trois dernières années, celui de la construction, d'où l'idée de recruter des « juniors » mobiles et de les former à nos méthodes. La première « promo » a été mise en place en 2007 via un recrutement européen. Sept nationalités étaient alors représentées (française, grecque, italienne, croate, polonaise, hongroise et ukrainienne). L'objectif était de recruter de jeunes ingénieurs intéressés par le métier d'ingénieur d'affaires, dont GSE pourrait compléter la formation initiale par une formation ciblée aux caractéristiques d'un métier.
Cette formation s'étend sur huit mois, au rythme de 2 jours par mois. Le but étant à la fois que les « étudiants » intègrent le fonctionnement de l'entreprise et qu'ils deviennent des professionnels avertis et « bien dans leur tête » en les formant sur la sécurité, la géotechnique comme sur des outils de développement personnel tels que la communication ou la gestion du temps.
La notion d'échange et d'accompagnement dans la pratique est primordiale. Les jeunes peuvent ainsi échanger avec des seniors lors de moments informels.

Quel est l'intérêt d'une « promotion » pour former de jeunes ingénieurs en interne ?

L'idée de « promo » était également de mieux accompagner ces jeunes dans leur intégration et de leur permettre de se créer un réseau en interne avec lequel ils puissent échanger. L'intérêt est aussi de créer un groupe en recrutant un minimum de jeunes diplômés en même temps. En 2007, ils étaient 16 avec une cible sur l'international. En 2008, nous avons recruté 14 jeunes ingénieurs de spécialités différentes : énergie, environnement, génie civil etc... qui se sont donc « répartis » dans les différents services et filiales de l'entreprise ; y compris au sein de notre service commercial. Sept d'entre eux travaillent chez CCR, notre principale filiale, en France.
Certains d'entre eux ont effectué leur stage de fin d'étude au sein de l'entreprise, ce qui n'empêche pas que tous les membres des promos soient engagés en CDI. Il est important, pour nous comme pour eux, que leur statut soit identique et que nous nous placions ensemble dans la pérennité. D'autant plus que l'esprit d'équipe créé dans ces promos est un élément important de la fidélisation des jeunes ingénieurs.

Pourquoi ne pas embaucher directement des ingénieurs d'affaires ?

Le métier d'ingénieur d'affaires n'existe pas en tant que tel sur le marché, car le contenu du poste est beaucoup plus riche que celui habituellement proposé. En effet, chez nous, l'ingénieur d'affaires intervient dès la phase de conception du projet de construction d'un bâtiment professionnel (plateforme logistique, usine, laboratoire ou siège social) et suit ce projet dans sa globalité : autorisations administratives, achat des différents lots, suivi de la construction, relations avec le client et les prestataires, suivi financier de l'affaire... d'où l'importance de la formation et du transfert d'expérience vers ces nouveaux entrants.
Par ailleurs, en formant nous mêmes en interne, nous pouvons cibler le contenu des formations en fonction de la réalité du métier d'ingénieur d'affaires. Il nous est ainsi possible de prioriser les formations et de nous adapter aux missions.

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Tiphaine Réto
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