Se former pour entreprendre : quel format choisir ?

Benjamin Dusaussoy

Masters spécialisés, MBA, MOOC, Workshops… Quelle est la meilleure formule pour apprendre à entreprendre selon son projet de création d'entreprise ? Zoom sur les avantages et les inconvénients de ces différents parcours de formation.
Se former pour entreprendre : quel format choisir ?

Existe-t-il une formule parfaite pour se former à l'entrepreneuriat ? Difficile de répondre par l'affirmatif car comme le précise Michel Jez, responsable des Services aux professionnels à l'Agence France Entrepreneur : « Montage complet ou développement de compétences plus précises, c'est le besoin individuel qui prime. Un entrepreneur peut simplement se rendre compte qu'il n'est pas assez chevronné en marketing, en vente ou en gestion par exemple. »

 

Le temps disponible : un critère central

Puisqu'en général l'entrepreneur se consacre pleinement à son projet, le temps va avoir une influence de premier plan sur le choix de la formation. Alors qu'un Master ou un MBA permettra de se préparer en une ou deux années pour se former de manière détaillée et complète, d'autres formules à l'instar de Workshops ou de modules spécialisés offrent la possibilité d'approfondir l'implication réglementaire comme des éléments de communication et de gestion qu'un chef d'entreprise doit connaître pour dialoguer avec son banquier, des fournisseurs. C'est notamment le cas de la formation "5 jours pour entreprendre" dispensée par la Chambre de Commerce et d'Industrie. « Ce parcours permet de comprendre les éléments méthodologiques clés pour éviter les grosses erreurs : comment faire pour travailler son business model, définir sa cible, travailler sa politique commerciale. Nous n'en faisons pas des chefs d'entreprise mais des personnes en capacité de formaliser leur projet », témoigne Nathalie Carré, chargée de mission Entrepreneuriat à la CCI.

 

Un projet concret ? Moins de place à l'académique

Première règle en matière de création d'entreprise, c'est avant tout la réalité du terrain qui dicte le besoin. Pour Michel Coster, professeur en entrepreneuriat et directeur de l'incubateur EM Lyon : « Ceux qui sont en situation de vouloir développer un projet défini vont choisir des approches très immersives, rapides, challengeantes pour ne pas avoir l'horizon bouché par des aspects académiques. Spécialistes en finance entrepreneuriale, en lancement de start-up, investisseurs... Ces formations leur permettront de rencontrer des professionnels plutôt qu'uniquement des formateurs. » De quoi travailler directement sur son idée avec des acteurs de l'écosystème pour savoir comment assembler une équipe, faire un montage financier ou développer commercialement son projet. Une optique très pratique qu'il est aussi possible de trouver par exemple au sein de Fab Lab, d'incubateurs, ou d'accélérateurs de projet.

 

« Les MBA et Masters ont le vent en poupe »

ESCP, HEC, Dauphine, IAE, ESSCA, EM Normandie, ISC Paris... Face au raz-de-marée entrepreneurial poussé par l'avènement du digital et des nouvelles technologies, de nombreuses formations plus longues à l'instar des MBA entrepreneurship, des Masters ou des nombreux MOOC (Massive Open Online Course, ou formation en ligne ouverte à tous) ont vu le jour en français comme en anglais. Elles permettent de progresser dans l'environnement entrepreneurial. Alternative potentielle à l'emploi salarié également pour des cadres en quête de changement, « ces formations sont aussi un peu "the place to be" en matière de prestige... Le MBA et les Masters ont le vent en poupe, pour beaucoup il s'agit d'une belle corde à leur arc. Ils ne se voient peut-être pas entrepreneur aujourd'hui mais pourquoi pas demain », relève Michel Coster. Pour Nathalie Carré, ces formations s'adressent aussi et surtout : « à ceux qui ne sont en réalité pas vraiment prêts à entreprendre. Une manière de se poser des questions : j'y vais ou pas, est-ce trop compliqué ou non ? »

Autre population concernée par ces cursus, les jeunes, encore souvent étudiants à ce stade, qui réfléchissent à un projet lors de leurs études. « Se trouve alors en général dans ces formations académiques un terrain aménagé pour tenter de le développer. Et même s'ils ne le réalisent pas, ce n'est pas idiot d'avoir ce genre de connaissances », assure Michel Coster.

 

Le poids du coût et/ou du financement

Dernier critère mais non des moindres, la question du financement de la formation. Alors que les prix des Master ou des MBA peuvent grimper jusqu'à plusieurs dizaines de milliers d'euros, des formations plus courtes ou à distance permettent de réduire la note. A noter, comme l'indique Michel Jez, qu'il est également possible de : « se faire financer sa formation en totalité ou en partie grâce au droit à la formation : CIF, CPF, Pôle emploi... Il existe malgré tout un critère de réalité car s’il s’agit d’une formation présentielle, il est préférable de chercher une formation à proximité. Or, si la formation qui vous intéresse se trouve en-dehors de la région et qu'elle n'est pas finançable, cela aura forcément incidence sur le choix. »

Pour aller plus loin : IAE Paris - Sorbonne - DU Entrepreneuriat "Diriger, créer ou reprendre une entreprise"

Benjamin Dusaussoy
Benjamin Dusaussoy

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