Tous les chemins (ou presque) mènent au marketing

Tiphaine Réto

On a longtemps pensé que seules les grandes écoles de commerce pouvaient vous aider à faire carrière. Ce n'est plus tout à fait vrai. Les changements opérés dans les formations marketing et communication ont laissé la place à d'autres types de cursus

 

Quand il s'agit de parler de taux d'insertion d'une école à l'autre, les chiffres peuvent être très éloquents. Celle que les entreprises ont longtemps considérée comme la voie royale pour les fonctions marketing, l'Essec, comptait en 2008 un taux d'employabilité de 75 % dans les 4 mois suivant la remise du diplôme.

Or, aujourd'hui, le réseau d'écoles de commerce de l'IFAG affiche un chiffre de 98 % d'étudiants en poste à la remise des diplômes. Et l'université Paris Dauphine se targue, elle, d'un taux d'embauche de plus de 80 % de ses diplômés.

« Ce sont les grosses entreprises telles que L'Oréal qui ont eu le discours le plus clair dans leur recrutement, explique Pierre Desmet, directeur du master professionnel Marketing de Dauphine. Elles ont pris conscience du besoin de créativité nécessaire aux métiers du marketing et ont voulu diversifier leurs recrutements. »

Un savoir-être autant qu'un savoir faire

Pour Pierre Desmet, les forces de l'université ne sont plus à démontrer : « nos étudiants sont autonomes, responsables de leurs choix et conscients que leur diplôme est le résultat d'efforts constants. Ne pouvant se reposer sur leurs lauriers, ils sont souvent moins arrogants. »

Un comportement également prisé par Dominique Lemaire, directeur de l'IFAG : « Au-delà du savoir-faire, ce qui permet à un jeune diplômé de bien s'insérer dans une entreprise, c'est son savoir-être. Nous insistons énormément sur ce point auprès de nos étudiants. »

Stage ou alternance, rien ne vaut l'expérience

Un savoir-être qui se forge aussi gré des expériences, mises en avant par l'ensemble des formations reconnues. « Pour être admis dans nos filières, nos étudiants doivent se prévaloir de neuf mois de stage en entreprise, poursuit Dominique Lemaire. Le recrutement aujourd'hui ne se fait plus à la sortie des écoles, mais bien en amont lors de ces périodes d'alternance qui deviennent de plus en plus des phases de pré-recrutement. » Même avis à Dauphine : « Après 18 mois de stage, ce ne sont pas de jeunes diplômés qui sortent sur le marché, mais de jeunes professionnels », affirme Pierre Desmet.

L'université a même poussé l'expérience plus loin en lançant en 2008 un master en alternance, déjà adopté par leurs confrères des écoles de l'IFAG : « Quatre jours par semaine, nos étudiants sont en entreprise, calcule Eva Delacroix, directrice du master Communication et Marketing Intégré. Ce rythme sur la longueur leur permet d'avoir de vraies responsabilités au sein d'une boîte tout en effectuant des allers-retours productifs avec leur cours. C'est une mise en pratique et un challenge de chaque instant. » L'Oréal, là encore, mais aussi Aviva, Dunlopillo et même le service communication de Beaubourg ont adhéré aux principes en recrutant parmi la jeune formation.

Renforcer la « marque » de la formation

« Le tout, reprend Pierre Desmet, c'est de construire une vraie « marque » sur la qualité d'une formation. Ca a longtemps été le reproche fait aux universités : une entreprise connaît les compétences cachées derrière un profil « école de commerce ». Un profil universitaire, lui, peut avoir une plus grande variance et peut parfois décevoir. »

Les formations ont donc renforcé leur sélection (30 dossiers sélectionnés sur 274 candidatures l'année dernière au master Marketing de Dauphine) et démultiplier les liens avec les professionnels.

Des entreprises déjà présentes dans les cursus

« Je m'efforce chaque année d'avoir 50 % d'intervenants universitaires et 50 % d'intervenants professionnels », affirme Eva Delacroix. Pierre Desmet, lui, a renforcé le « coaching » des étudiants qui doivent désormais réalisés des missions managériales pour des entreprises partenaires. Côté école, l'IFAG renforce chaque année son partenariat avec les sociétés en faisant suivre chaque étudiant par un professionnel du marketing.

Un salaire équivalent aux grandes écoles

Le résultat, au final, est plutôt réussi : d'après l'étude CGE 2010, les diplômés des deux masters de Paris Dauphine parviennent, une fois en poste, à des niveaux de revenus dans la moyenne des grandes écoles : entre 29 et 31 000 pour les cadres sortis de l'IFAG, 35 000 en moyenne pour les étudiants du master Marketing de Dauphine et entre 28 et 32 000 pour ceux nouvellement diplômés du master Marketing et Communication Intégrée.

Un réseau à travailler à l'université

Reste que les écoles continuent, pour l'heure, d'arborer un argument de poids dans le choix des formations : un réseau d'anciens un brin plus étendu. L'IFAG, forte de ses 40 ans d'existence, compte plus de 7000 anciens élèves. Au master marketing de Dauphine, on en compte un millier. « Mais nous n'en avons identifié que 496 dans notre fichier, déplore Pierre Desmet. C'est l'un des points sur lequel nous travaillons pour nous améliorer. »

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