
Pourquoi choisir de retourner à la fac plutôt que de suivre les modules d’organismes classiques - et par ailleurs reconnus ? « Il faut déjà oublier certains clichés autour du cours magistral délivré par un professeur qui réciterait son cours dans un amphithéâtre bondé, prévient Delphine Adam. Ce n'est plus du tout cela. » Loin de certaines idées reçues, la directrice de la formation continue à l’Université Paris Est Créteil (Paris XIIe) décrit des enseignants bien plus en prise avec le monde de l’entreprise qu’on ne l’imagine parfois. « Nous proposons par ailleurs beaucoup de cursus en apprentissage et nos intervenants sont donc régulièrement en contact avec le monde de l’entreprise et conscients de ses attentes. Mais à côté de cela, notre spécificité, tient vraiment au côté diplômant, qui reste une spécificité universitaire. »
Une offre diplômante rassurante
L’argument n’est pas mince. Selon la dernière note du ministère de l’Éducation nationale, les publics de la formation continue universitaire sont constitués de 36 % de salariés. Globalement, les diplômes les plus recherchés sont la licence (39 % des diplômes délivrés, dont 16 200 licences professionnelles en forte progression), et le master (28 % des diplômes délivrés). « Beaucoup d'universités considèrent la formation continue comme un business à part qui leur permet d'équilibrer ou d'augmenter leurs recettes », observe Driss Aït Youssef, président de l’IIM (Institut de l’Internet et du Multimédia) au Pôle Universitaire Léonard de Vinci (Paris-La Défense). Cet acteur préfère sensibiliser ses futurs "clients" avant même la fin de leurs études. « Pour nos étudiants comme pour les autres, il faut voir la formation continue comme une partie d’une offre globale et en cohérence avec sa formation initiale. » Ainsi, le titulaire d’un master en achats pourra revenir quelques années plus tard sur les bancs de son école pour une formation complémentaire en achats responsables par exemple. « Certains de nos anciens élèves seront peut-être même rassurés de retrouver d’anciens intervenants familiers. »
S’adapter aux besoins de l’entreprise
Mais toutes ces filières ne campent pas seulement sur leurs programmes existants et peuvent aussi adapter leur offre aux besoins de certains clients. « Nos cours se déroulent parfois dans nos locaux, et parfois aussi dans les locaux de l’entreprise », précise François Germinet, le président de l’université de Cergy-Pontoise (Val-d’Oise). Il distingue ainsi les salariés qui reviendraient dans un cursus classique auprès des étudiants, dans un parcours de licence ou de master, d'autres formations ponctuelles créées sur mesure. « Cela demande parfois un travail d'adaptation aux enseignants, mais au final, ils sont souvent ravis. » C’est souvent pour l’enseignant que la différence de vécu est la plus importante. « Ils se retrouvent avec des élèves motivés, qui ont de l’expérience et qui vont leur poser beaucoup de questions. En général, un professeur qui commence un module en formation continue en redemande et recommence l'année suivante. »
