
Un dispositif de mieux en mieux intégré par les cadres
« Il y a une bonne connaissance du CPF de la part de la population cadre. Parmi les salariés, ce sont les plus renseignés sur le sujet et donc les plus susceptibles de l’utiliser », note Mathilde Bourdat, responsable de l’offre de formation chez Cegos. L’organisme a mené une enquête en 2017 révélant que 70 % des salariés, tous niveaux confondus, connaissaient le dispositif et 62 % avaient ouvert un compte. « Le CPF a été plus facilement intégré que son prédécesseur le DIF », assure Mathilde Bourdat. Reste que le CPF a prioritairement été créé à destination des chercheurs d’emploi : selon un rapport de l’IGAS datant de mars 2017, sur 849 000 dossiers de formation validés, près des deux-tiers avaient été formulés par ces derniers.
Pour Arnaud Portanelli, créateur du portail CPFormation, « le CPF est un dispositif de mieux en mieux intégré par les cadres mais il gagne à être plus connu encore. Comment ? Améliorer l’ergonomie du site pour y souscrire serait déjà une bonne chose. Je connais des cadres qui ont renoncé à ouvrir un compte à cause de cela… »
Une large prédominance des formations en langue
Pour les cadres souscrivant au CPF, quelles formations privilégient-ils ? Essentiellement celles pour améliorer leur niveau dans une langue étrangère, répond Arnaud Portanelli : « Chez les salariés, les formations en langues représentent 75 % des demandes. Il n’existe pas de statistiques pour les cadres précisément mais le taux est encore plus élevé concernant cette population spécifique. » L’explication est simple : c’est la seule offre éligible au CPF qui est clairement adaptée pour les cadres. « Tous les autres soft skills comme la prise de parole en public ou la conduite d’une réunion ne sont pas éligibles. Les cadres se rabattent donc en masse sur les langues pour utiliser le CPF là où ils en ont le plus besoin », analyse Arnaud Portanelli. D’autant que la maitrise des langues étrangères devient un critère déterminant dans une carrière de cadre, observe Sophie Fontaine, responsable de Speak-up Formation : « Les jeunes cadres issus de grandes écoles ont bien intégré cette donne mais pour les cadres plus seniors confrontés à une économie de plus en plus mondialisée, il leur faut rattraper ce retard en langue et le CPF est parfait pour financer une telle formation. »
Bulats en tête, devant le TOEIC
Dans le détail, Arnaud Portanelli constate « une légère préférence des cadres pour le Bulats, test "business english" de Cambridge University, qui est passé devant le TOEIC, même si ce certificat de langue reste très prisé des cadres. » Vient ensuite le TOEFL, plus destiné aux étudiants, et quelques certificats plus minoritaires comme le DCL de l’éducation nationale et les Business Certificates : B1 Business Preliminary, B2 Business Vantage et C1 Business Higher (en fonction du niveau, du plus débutant au plus expert), qui remplacent le Business English Certificate (BEC) de l’université de Cambridge.
L’accompagnement à la VAE gagne à être connu
« La validation des acquis de l’expérience reste encore assez méconnue chez les cadres, observe Mathilde Bourdat. Son accompagnement est pourtant accessible par le CPF et gagne à être plus populaire qu’il ne l’est actuellement. » Même son de cloche du côté de Sandrine Teulé, adjointe de direction de l’ISEE Business School : « Parmi les profils-types que nous rencontrons, il y a des salariés avec dix ans d'expérience et un niveau bac+2 en décalage avec leurs compétences réelles. La VAE permet de suivre une formation sur mesure pour valider ce niveau mais aussi d’apprendre certaines compétences supplémentaires au programme de l’établissement partenaire. »
PCIE et TOSA, les certifications en bureautique
« Si elles ne leur sont pas prioritairement destinées, une minorité de cadres peuvent améliorer leurs compétences en bureautique par le biais des certifications PCIE et TOSA », remarque Arnaud Portanelli. Le Passeport de compétences informatique européen (PCIE) et le Test on Software Applications (TOSA) sont deux certifications internationales permettant une remise à niveau complète dans le domaine du traitement de texte (Word, OpenOffice), du tableur (Excel), de la base de données (Access) et de la présentation (PowerPoint). « Des deux, le TOSA est actuellement le plus populaire », constate Arnaud Portanelli.

Après un Master obtenu à l’Institut d’études politiques de Rennes, Régis Delanoë s’est mis à son compte en tant que journaliste indépendant. Multitâche, il travaille depuis plus de dix ans dans le vaste domaine de la presse écrite et web. Enquêtes, reportages, interviews et veille de l’actualité : il s’est notamment spécialisé dans le secteur de l’emploi et de la formation, s’intéressant de très près aux nouvelles tendances et aux évolutions à venir en la matière.