L’apprentissage : un cadre éducatif adapté

Martin de Kerimel

Il souffre parfois d’une image faussée, comme s’il ne concernait que les recalés du système éducatif général. L’apprentissage réunit pourtant toutes les filières et s’avère une très bonne voie d’insertion durable dans la vie active. Explications.

La France pourrait certainement mieux faire en matière d’apprentissage. Nombre d’exemples prouvent en tout cas que ce contrat de travail alternant s’adapte parfaitement aux emplois les plus diversifiés. Cette façon de travailler combine astucieusement un cursus théorique, dans un centre de formation d’apprentis, à la fac ou dans une grande école, avec la mise en pratique immédiate des compétences acquises.

Elle fait donc aujourd’hui la preuve formelle de son efficacité, de nombreux jeunes apprentis s’insérant ensuite rapidement sur le marché du travail proprement dit, sans passer par la case chômage. Selon une note publiée en mars dernier par le ministère de l’Éducation nationale, 60 % des apprentis trouvent en effet un emploi en contrat à durée indéterminée à l’issue de leur formation. Sept mois après, ils sont près de 65%.

Côté employeurs, une autre étude récente établit que le contrat d’apprentissage apporte en général une solution intéressante, à court et à long terme. En termes statistiques, 82 % des employeurs le jugent « fidélisant » et trois chefs d’entreprises sur quatre estiment que le coût qu’il représente est compensé par sa valeur ajoutée.

Différents niveaux de diplômes

Très concrètement, c’est dans son ensemble que le système éducatif français peut favoriser l’apprentissage. Loin de n’être que l’ultime bouée de secours destinée aux cancres, ce type de contrat est aussi tout à fait adapté aux études supérieures. Pour preuve, en 2014, et toujours selon les chiffres de l’Éducation nationale, près d’un apprenti sur trois (32,2 %) prétendait à un diplôme à bac + 2 au moins – et jusqu’à bac + 5.

L’apprentissage concerne également des bacs pro et BP (22,2 % de l’ensemble des apprentis) et des CAP-BEP (43 %). Les textes législatifs définissent cinq niveaux, numérotés en chiffres romains : I, II, III, IV et V. Plus le chiffre est bas, plus la formation est élevée. Exemple : le niveau V concerne les apprentis en CAP, le III les BTS et DUT, le I les diplômes d’ingénieur et les masters. Les professions les plus diversifiées s’ouvrent donc aux étudiants- apprentis, qu’elles soient manuelles ou de bureau. Bâtiment, commerce, hôtellerie, restauration, agriculture, esthétique… Les secteurs traditionnels demeurent de gros pourvoyeurs de contrats. L’apprentissage évolue aussi dans les services : les entrées y progressent tant que la plupart des apprentis sont formés dans le secteur tertiaire - 56% selon une étude publiée par le ministère du Travail en juillet dernier. Les autres secteurs demandeurs sont l’industrie (22,1 %), le commerce auto (18,8 %) et la construction (18,7 %). Le BTP forme 80 000 apprentis chaque année, celui de l’artisanat 200 000. Quant à la filière alimentaire, elle devrait générer 150 000 contrats d’ici à 2017. Si 55 % des apprentis ont rejoint une société de moins de dix salariés, ils sont aussi plus de 17 % dans une très grande entreprise, supérieure à 250 salariés. Pour le recrutement post-apprentissage, ce sont les domaines de la santé (85 %), de l’informatique (82 %) et du génie civil (77 %) qui s’avèrent les plus efficaces aujourd’hui.

En bonne et due forme

L’apprentissage repose bel et bien sur un contrat de travail. Les apprentis formés par les entreprises françaises sont donc rémunérés : selon le degré d’ancienneté dans l’entreprise et l’âge de l’apprenti, la loi définit précisément la rémunération due par l’employeur – une part variable du SMIC. Un certain nombre d’aides financières est consenti à l’employeur qui embauche un ou plusieurs apprentis. Ce système gagnant-gagnant permet aux entreprises de participer à la formation de leurs futurs collaborateurs. Hormis certains cas prévus par des conventions particulières, l’employé embauché en contrat à durée indéterminée au terme d’une formation en alternance ne pourra être soumis à une période d’essai.

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Martin de Kerimel
Martin de Kerimel

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