Mêlez-vous de votre formation !

Sylvia Di Pasquale

C'est un grand classique. Souvent en matière de formation, l'employeur propose et décide pour son employé. Mais parfois l'inversion des rôles est possible, sans qu'il soit nécessaire d'organiser un putsch sur la DRH. Quelques conseils pour bien préparer son projet de formation.

Pour bien opérer, il faut néanmoins connaître les arcanes parfois compliqués des financements et des possibilités offertes et surtout, il faut mettre sur pied un projet professionnel bien argumenté pour convaincre. Rien à voir avec une crise d'ego puisque se former est une nécessité pour tout cadre souhaitant garder ses compétences au top et peaufiner son employabilité. A l'interne comme à l'externe. Voici une première série d'informations pour mieux s'attaquer à la montagne « formation ».

Connaître les dispositifs

C'est connu, en matière de formation, le salarié n'a rien à faire, sauf à tailler ses crayons pour retourner à l'école. Finances et logistique sont du domaine de la DRH voire du service formation si l'entreprise en possède un. Mais il peut être utile de connaître deux ou trois ingrédients de cette cuisine interne. D'abord, il est important de savoir qu'il existe plusieurs « routes » pour se former. Depuis 2004, l'affaire est très encadrée, et un employé doit rester dans les clous s'il veut plaider son dossier avec quelques chances de succès. A chaque route son enjeu, et il est important de savoir sur laquelle son cas personnel a une chance de passer.

Dans le cas des formations prioritaires, l'employeur décide des thèmes retenus en fonction des besoins de sa stratégie présente ou future et les consigne dans un « Plan de formation ». Connaître ses priorités est donc utile pour s'y inscrire. Car ces formations prioritaires ne sont pas réservées à des types de personnels précis, loi contre les discriminations oblige.

Les formations non prioritaires, quant à elles, rentrent dans le cadre du DIF (droit individuel à la formation). Chaque salarié justifiant de plus d'un an d'ancienneté dispose d'un droit de vingt heures de formation chaque année, cumulables pendant 6 ans. Dans ce cas, le choix de la formation est plus large pour le salarié mais l'accord de l'employeur reste indispensable.

Enfin, les projets de reconversion, entrent dans le cadre du CIF, (Congé individuel de formation). Il s'agit de formation plus longues, dont le but est, comme indiqué, de changer d'orientation professionnelle. Si vous satisfaites à certaines conditions d'ancienneté, l'employeur ne peut les refuser.

Qui décide ?

Obtenir une formation, n'a rien d'automatique. Certes toutes les entreprises sont légalement obligées de disposer d'un budget de formation pour l'année, mais pour autant, tout le monde n'y a pas droit en même temps, ne serait-ce que pour ne pas désorganiser totalement la société. C'est l'employeur qui décide des catégories de salariés qui devront prioritairement en bénéficier. Non pas en fonction de la tête du client, mais des nécessités de l'entreprise. « Cette année, tous les chefs de projet vont avoir droit à une formation de 3 jours sur la planification par objectif, explique une DRH dans les services. Car 80 % de nos projets finissent avec un à trois mois de retard. » D'où une nécessité évidente. De même, l'employeur a le droit de refuser une demande de formation formulée par un salarié s'il estime qu'elle n'est pas prioritaire dans le cadre du Plan. Refusée par la grande porte, la formation peut alors être acceptée par un autre biais, celui du DIF par exemple. Dans les faits, peu d'entreprises sont vraiment prêtes pour appliquer ce dispositif. Mieux vaut se renseigner auprès du service RH, pour savoir si l'entreprise est suffisamment rôdée à ces mesures. Si là encore, on essuie un refus, le CIF reste le dernier recours. Mais il convient d'en apprécier la lourdeur avant d'agir.

Définir et vendre son projet

Vous souhaitez ajouter une compétence technique à votre arc qui pourrait s'avérer utile dans votre fonction ? C'est le cas le plus simple, celui où l'employeur voit d'un bon œil l'idée que son salarié accepte de se perfectionner. Surtout s'il y a de fortes chances que cette initiative rentre dans le cadre du DIF. Mieux vaut dans ce cas mâcher le travail de la DRH et se renseigner soi-même pour connaître les formations existantes et les organismes qui les distillent. Reste à convaincre l'employeur, comme dans toute négociation, en définissant vos intérêts personnels et ceux de l'entreprise. Il s'agit avant tout de rassurer son employeur.

Pour le CIF, l'affaire est plus complexe. Il faut être sûr de son projet de reconversion et ne pas se lancer à la légère. Même si, après un congé formation, l'entreprise doit obligatoirement fournir un poste équivalent à celui que vous occupiez avant votre congé. Mais rien n'oblige l'entreprise a tenir compte du nouveau diplôme décroché. Si diplôme il y a.

Sylvia Di Pasquale
Sylvia Di Pasquale

Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.

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