MOOC : effet de mode ou phénomène durable ?

Marion Senant

Les MOOCs (massive online open courses) arrivent tout juste dans le paysage français de la formation. Vont-ils remplacer la formation classique ? Eléments de réponse avec trois professionnels qui ont décidé de se lancer dans cette formation en ligne nouvelle génération.

A Polytechnique, Ce sont les anciens élèves qui ont alerté Frank Pacard du phénomène. « Ils sont en activité et utilisent les MOOC comme outil de formation continue », explique le directeur général adjoint à l’enseignement. Fort de ses contacts, le professeur a compris qu’il était grand temps que la prestigieuse école d’ingénieurs prenne « le train en marche » et a décidé de se lancer dans l’aventure des MOOCs.

Problème : ses collègues ne partageaient pas son enthousiasme. « Beaucoup me disait ‘‘cela fait vingt ans que l’on fait ça’’, se souvient-il. Souvent, ils ont été échaudés par des programmes de e.learning trop précoces et estimaient qu’ils avaient ‘‘déjà donné’’ ». Manque d’outils performants, d’engagement des étudiants, formations inadaptées au format web… le e.learning des premières années a laissé des traces dans les esprits de certains professionnels de la formation. Ils craignent logiquement que les MOOCs ne soient qu’un gadget supplémentaire à la durée de vie éphémère.

A Centrale Lille, Rémi Bachelet, lui, a dû relever un autre défi. Contrairement à Polytechnique, qui va lancer ses programmes via la plateforme Coursera, le MOOC Gestion de Projet est un projet entièrement porté par l’école nordiste. « On est plus sur un modèle très participatif à la Wikipedia que sur un modèle Coursera, estime le maître de conférence. Mais avec « Gestion de Projet », on montre que développer un MOOC, c’est faisable même avec peu de moyens ».

Les MOOCs : une solution pour répondre à la pénurie de profils compétents

Suprématie des grosses plateformes ou MOOCs « maison », les écoles choisissent des options différentes, mais tous les responsables de ces projets s’accordent pour dire que le phénomène n’en est qu’à ses débuts et qu’il risque de changer durablement le paysage de la formation. « L’enseignement à distance a un avenir certain », affirme Bruno Dondero, directeur du CAVEJ (Centre audiovisuel d’Etudes juridiques), qui lancera son MOOC de droit en septembre. « Ils vont permettre à des centaines de personnes de se former à leur rythme, sans contrainte de temps ou de géographie. Mais il ne faut pas se leurrer, tant que les MOOCs ne délivreront pas de diplôme, ils n’entreront pas en concurrence frontale avec l’enseignement traditionnel. »

Pour Clay Shirky, un journaliste américain spécialiste des nouvelles technologies, les MOOCs sont à la formation ‘‘classique’’ ce que le mp3 est au disque : ils seront toujours moins bons qu’un cours avec un grand professeur dans une grande université, mais ils ont l’avantage d’être gratuits, accessibles partout dans le monde et par tout le monde. En cela, ils sont une réponse aux défis de la formation dans les années à venir.

Marion Senant © Cadremploi.fr

Marion Senant
Marion Senant

Vous aimerez aussi :