Elle a l’habitude de corriger quelques idées reçues. « La VAE concerne vraiment tous les niveaux de diplôme », insiste Isabelle Lagane, consultante talent management chez BPI-Leroy Consultants. Car si depuis 2002, la loi reconnaît qu’une activité professionnelle peut être génératrice de compétences équivalentes à celles obtenues dans certaines formations, la validation des acquis de l’expérience reste encore souvent méconnue chez les cadres. « C’est vrai qu’au départ elle permettait surtout à des candidats non diplômés d'accéder à une certification. Mais depuis, les universités, les écoles de commerce, et même certaines grandes écoles proposent aussi cette validation. »
« C’est dans l’intérêt des cadres et de leurs employeurs de s’y intéresser », confirme Sandrine Teulé. Adjointe de direction de l’ISEE Business School, elle encourage volontiers les cadres à aborder la question avec leur employeur. « Parmi les profils-types, vous avez par exemple des salariés avec dix ans d'expérience, mais qui n’affichent qu’un niveau bac+2 sur leur CV finalement en décalage avec leurs compétences réelles. » But de la VAE : suivre une formation sur mesure pour valider ce niveau mais aussi apprendre certaines compétences supplémentaires au programme de l’établissement partenaire. « Quant au coût, estimé en général autour de quelques milliers d’euros, ce n'est pas forcément un souci car il existe des prises en charge au niveau du plan de formation. »
Nouvel outil de fidélisation des entreprises
Pourquoi s’en priver ? « Longtemps, les entreprises se sont montrées réticentes face à la VAE car elles craignaient que leurs salariés ne les quittent avec leur nouveau diplôme en poche ou qu’ils exigent une augmentation, analyse David Rivoire, fondateur du cabinet Les 2 Rives, spécialiste de la VAE. Mais cette crainte commence à s’atténuer. Les entreprises qui ont essayé reviennent vers nous en confirmant que c'est un excellent outil RH. Au contraire, on déploie ainsi l'employabilité des salariés et on les fidélise. » Olivier Meier, chercheur et auteur du livre "Réussir sa démarche de VAE", y voit plusieurs intérêts pour les entreprises. « C’est d'abord un acte de management pour motiver et valoriser ses collaborateurs et surtout les reconnaître. Elle contribue également à accompagner les nouvelles prises de fonction, en donnant un diplôme en accord avec le poste demandé. Elle est aussi un formidable vecteur de mobilité interne, en étoffant le portefeuille de compétences de la personne. »
Preuve que la tendance est réelle, de grands groupes, comme Orange (voir notre témoignage) proposent spontanément la démarche à leurs salariés. « Mais n’accède pas à une VAE qui veut, prévient Sandrine Teulé. Il y a une première étape pour savoir si le candidat est admissible à une éventuelle validation. On doit constituer un « dossier de preuve » qui est comme un mémoire de vie détaillant sa carrière et ses compétences correspondant au diplôme. Et puis ensuite, il faut travailler dur, pendant plusieurs mois, pour acquérir certaines connaissances manquantes. »
Engagement personnel total
« C’est souvent un processus qui requiert beaucoup de travail personnel sur plusieurs mois en plus de son emploi, commente Isabelle Lagagne. C’est pourquoi, les candidats doivent avant tout le faire pour eux et non par rapport à une attente de l’entreprise. » Mais les plus persévérants ne le regretteront pas. « J'ai eu le cas d’un salarié qui n'avait qu'un BEP en poche. Il était responsable des achats dans un groupe agroalimentaire, il encadrait des bac+5 et craignait de ne pas être légitime. Culturellement, en France, tout passe par le diplôme. Or sa VAE réussie l’a fait grandir, prendre de la hauteur dans son rôle, et prendre conscience de sa valeur. »
