La réforme de la formation professionnelle tourne autour de trois fondamentaux : l’entretien professionnel, le conseil en évolution professionnelle et le CPF.
L’entretien professionnel
L’entretien professionnel comme il est prévu dans la nouvelle loi n’a rien à voir avec les fameux EAE (entretien annuel d’évaluation) organisé dans de nombreuses entreprises. Cet entretien-là doit se tenir au minimum tous les deux ans et est réalisé par le service RH ou Formation. « Il sert à faire le point sur les besoins de professionnalisation du salarié et d’envisager ses possibilités d’évolution dans la société », explique Isabelle Dubose. Il s’agit d’un moment privilégier pour discuter de ce que la personne peut faire et comment elle peut évoluer dans l’entreprise.
L’entretien professionnel peut répondre à trois critères :
- Il débouche sur une action de formation.
- Il débouche sur une certification via une formation ou une VAE (validation des acquis de l’expérience)
- Il se traduit par une progression salariale ou professionnelle.
Dans les entreprises de plus de 50 salariés, si deux des trois critères ne sont pas remplis tous les six ans, l’employeur devrait ajouter 100 heures de formation supplémentaires sur le CPF du salarié concerné. Clairement, cette mesure a pour objectif d’obliger les entreprises à faire évoluer leurs salariés dans leur carrière.
Le conseil en évolution professionnelle
Il est l’élément central de cette réforme. Le conseil en évolution professionnelle est un service gratuit, individualisé et ouvert à tous les actifs (jeunes, salariés et demandeurs d’emploi). Il est réalisé en dehors de l’entreprise, via Pôle Emploi, l’Apec, les missions locales, les Opacif, Cap Emploi…
Le conseil a pour objectif d’identifier les aptitudes et les compétences des salariés et de les aider à les orienter. « Il peut faire penser à un bilan de compétences, concède Isabelle Dubose, mais là où il va plus loin, c’est qu’il apporte une perspective sur le marché de l’emploi. Son objectif est d'aider les personnes à élaborer un plan d'action, à les orienter vers les secteurs qui recrutent, à identifier les interlocuteurs pertinents, à bâtir un plan de formation et à les aider à le financer ».
Le Compte Personnel de Formation (CPF)
C’est la mesure la plus médiatique de cette réforme professionnelle. Il s’agit d’un compte en heure qui va remplacer le DIF (droit individuel à la formation). Chaque personne active disposera d’un CPF, du jour de son entrée sur le marché du travail à celui de son départ en retraite et ce, qu’elle travaille ou soit en recherche d’emploi.
>>Découvrez les spécificités techniques du CPF avec notre article « mode d’emploi »
À la différence du DIF, les heures de formations du CPF ne seront plus gérées par les entreprises, mais par la Caisse des Dépôts et Consignations (à quelques exceptions près). Chaque actif y disposera d’un compte (en cours de création) où il pourra consulter ses heures et les gérer.
Les salariés qui souhaitent utiliser leur CPF auront donc deux possibiltés :
- S'ils veulent se former pendant leur temps de travail : ils devront logiquement demander l’autorisation à leur employeur.
- S’ils veulent se former en dehors du temps de travail : ils n’auront pas à demander la permission à leur entreprise et ne sauront même pas obligés de l’en informer.
Quelles seront les formations disponibles via le CPF ?
L’objectif de la réforme est avant tout de permettre à des publics peu diplômés de se former. Elle va donc mettre l’accent sur les formations qui mènent à un diplôme ou une certification.
Les formations qui seront automatiquement prises en charge par le CPF seront :
- Les VAE (validation des acquis de l’expérience)
- Les formations du socle commun de compétences professionnelles. Il s’agit de formations de base qui touchent à l’expression orale et écrite, la capacité à travailler en autonomie ou en équipe, le calcul et l’arithmétique, à maîtriser internet et les technologies de l'information et enfin la capacité à respecter les règles d’hygiène et de sécurité.
Les autres formations éligibles au CPF seront regroupées dans trois types de liste :
- La liste interprofessionnelle : qui rassemblera des compétences générales, qu’on peut retrouver dans tous les secteurs, dans la France entière.
- Les listes de branches : qui rassembleront des compétences spécifiques à un secteur.
- Les listes régionales : qui rassembleront des compétences recherchées en fonction des spécificités de chaque région.
Concernant les cadres, une population qui a plus accès à la formation continue que la moyenne, Isabelle Dubose concède : « les formations longues, de types MBA, Mastères Spécialisé ou encore Master ne sont pas particulièrement visées par cette réforme ». En revanche, les formations en langue et en développement personnel devraient avoir leur place dans la liste interprofessionnelle.
Que faire si le CPF ne dispose pas de suffisamment d’heures pour la formation choisie ?
Il sera possible d’abonder son CPF si on ne dispose pas de suffisamment d’heures sur son compte au moment de débuter une formation. Le détenteur du compte pourra abonder lui-même son compte, mais également son entreprise, l’Opca dont il dépend, l’Opacif, le Pôle Emploi, le Conseil régional… « la formation professionnelle peut être financer de plusieurs manières différentes », rappelle Isabelle Dubose.
>> Découvrir les différents moyens de financer sa formation avec le CPF
Le conseil en évolution professionnel devrait permettre d’aider les salariés et les chercheurs d’emploi dans leurs démarches et leurs recherches de financement. D’autres solutions existent, comme les « Rendez-vous financement de votre formation » de l’Afpa, qui a pour but d’aider les personnes dans leurs démarches administratives.
