Comment assurer ses réunions en anglais ?

Marion Senant

Près des trois quarts des cadres utilisent régulièrement l’anglais au travail* : quand on a un niveau moyen, on peut cacher ses lacunes en communiquant par email, mais en réunion, il n’y a pas d’échappatoire possible. Voici comment réussir à suivre et mener des meetings dans la langue de Shakespeare.

Savoir ce qu’on attend de vous

Dans une réunion, vous pouvez avoir trois rôles différents :

- Spectateur passif : vous n’êtes là que pour écouter et prendre des informations. Dans ce cas, pas besoin d’avoir un niveau d’anglais épatant. Une personne avec un niveau situé entre débutant et intermédiaire peut suivre.

- Spectateur actif : on attend de vous que vous écoutiez, mais aussi que vous posiez des questions et donniez du feedback sur le contenu de la réunion. Ce rôle est compatible avec un niveau intermédiaire en anglais.

- Animateur : dans ce cas, c’est vous qui animez la réunion, veillez au respect du timing et de l’ordre du jour, donnez la parole aux participants. Pour tenir ce rôle, il faut posséder un niveau d’anglais intermédiaire avancé, voire confirmé, d’après Murielle d’Emilia, Knowledge Manager chez Telelangue.

Une fois que vous avez défini votre rôle, vous pouvez vous préparer en conséquence.

Booster sa compréhension orale

La base d’une réunion, c’est bien évidemment l’écoute. Le problème, quand on a un niveau d’anglais limité, c’est qu’on perd vite le fil d’une discussion. Heureusement, la compréhension orale se travaille assez facilement… à condition d’être assidu.

Ecouter la radio ou regarder la télévision en anglais est un classique, mais il fonctionne toujours ! Attention quand même aux accents. Préférez la BBC si vous travaillez régulièrement avec des Britanniques et, à l’inverse, CNN si vos contacts sont principalement avec des Américains. « Si vous avez rendez-vous avec des personnes qui ont un accent fort, comme des Texans, des Ecossais ou des Anglais des Midlands, cherchez sur internet des exemples de leur accent, conseille Peter Guibert, responsable pédagogique chez Meltis. Quelles sont ses particularités ? Y-a-t-il des lettres qu’ils prononcent différemment ? C’est en entraînant votre oreille que vous allez progresser ! »

Petite astuce : les ‘‘native speakers’’, ceux dont l’anglais est la langue maternelle, on tendance à oublier que ce n’est pas votre cas et à se mettre à parler à toute vitesse. « N’hésitez pas à leur rappeler, discrètement, que vous êtes en train de faire l’effort de parler leur langue, en glissant un mot de français dans la conversation par exemple », préconise Peter Guibert.

S’entraîner à la prise de parole en public

Quand il s’agit de parler anglais, la plupart des Français paniquent. « Ils se focalisent sur la grammaire, l’accord des temps ou leur accent et culpabilisent par rapport à leur niveau. Il faut absolument dédramatiser tout ça ! » estime Peter Guibert. Les Anglo-Saxons sont beaucoup plus indulgents que vos professeurs d’anglais du collège et du lycée. Peu importe les fautes, du moment que le message passe, c’est ainsi qu’on pourrait résumer leur point de vue. Donc n’ayez pas peur de vous tromper… vous ne jouez pas votre bulletin de fin d’année.

En revanche, « vous devez maîtriser un certain nombre d’expressions clés qui vont vous permettre d’exprimer votre opinion, votre désaccord, demander une clarification, faire une suggestion ou encore donner du feedback », estime Murielle d’Emilia. Vous pouvez vous entraîner seul, ou avec un professeur. « Les cours par téléphone peuvent être une bonne solution, car ils sont complètement personnalisable », recommande la spécialiste de la formation en anglais.

En ce qui concerne le vocabulaire technique, en général, il est facile à maîtriser. Et si un mot vous échappe, Peter Guibert a une astuce : « rappelez-vous que les deux tiers du vocabulaire anglais viennent du latin et du français. Donc, si vous avez un trou, tentez le mot français, il y a 66% de chance pour qu’il soit compris par votre interlocuteur ». 

Maîtriser les différences culturelles

Le challenge dans une réunion en anglais, ça n’est pas seulement de réussir à comprendre la langue et à s’exprimer. Il faut aussi être capable de s’adapter à une situation de travail différente de ce qu’on vit d’ordinaire. « En France, une réunion est vue comme un espace de créativité. Une réunion réussi, c’est une réunion d’où vont sortir de nouvelles idées, où une équipe va retrouver de l’élan. Dans le monde anglo-saxon, l’objectif d’une réunion est tout autre. On se réunit pour prendre des décisions », explique Murielle d’Emilia. Comme leur langue, les Anglos-Saxons sont plus directs que les Français. Leurs réunions sont à cette image : elles ont un objectif clair : le business et un ordre du jour et un timing qu’on respecte », renchérit Peter Guibert.

Politesse à toute épreuve au Royaume-Uni

Il y a une autre dimension à ne pas oublier quand on mène une réunion avec des Britanniques, c’est la politesse. « Quand on travaille avec des Britanniques, il faut mettre beaucoup de rondeurs dans son discours », prévient Peter Guibert. A l’image du terme ‘‘quite’’ (tout à fait), qui rythme les phrases en réunion. Par exemple, ‘‘I’m not quite sure’’, se traduit littéralement par ‘‘Je ne suis pas tout à fait sûr’’, mais en réalité, dans la bouche d’un Anglais, cela veut dire : ‘‘Tu as tort’’.

Attitude positive obligatoire aux Etats-Unis

Aux Etats-Unis, la chose à retenir, c’est de toujours rester positif. « Un Français ne verra aucun problème à commencer une négociation par un ‘‘non’’, car en réalité, il s’agit d’un prélude à la discussion, analyse le spécialiste des questions interculturelles. Un Américain ne prendra pas un ‘‘non’’ de la même manière. « Pour lui, tout est un challenge. Dire ‘‘non’’ revient donc à dire qu’on baisse les bras, qu’on est découragé. Et aura un impact très négatif sur la réunion ! »

Pour être sûr de ne pas commettre d’impair, direction les formations interculturelles : stage, ateliers thématiques, les formules sont multiples, mais l’objectif est le même, comme l’explique Murielle d’Emilia « à la fin de la journée, les stagiaires disposent d’une ‘‘boite à outils’’ pour mener leurs réunions à l’anglo-saxonne sans fausse note. »

Marion Senant © Cadremploi

*Baromètre CFE-CGC, juin 2012

Marion Senant
Marion Senant

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