L'école où les cadres sup' apprennent l’anglais

Marion Senant

Les séjours linguistiques attirent de plus en plus de professionnels désireux d’améliorer leur niveau d’anglais, mais aussi de développer leurs compétences interculturelles. À Londres, une école de langue leur est entièrement dédiée. Découverte d’un univers 100% business english.

Au cœur du très chic quartier d’Holland Park, au cœur de Londres. La London School of English (LSE) présente bien : décoration soignée, grande cafétéria, terrasse donnant sur des cours de tennis sur gazon so british… le message est clair : ici, les étudiants sont des professionnels. D’ailleurs, l’école, partenaire du spécialiste des séjours linguistiques Boa Lingua, ne les appelle pas ‘‘students’’, mais ‘‘clients’’. Et tout est fait pour les satisfaire.

Crédit Agricole, E&Y, GDF Suez, Gucci, KPMG, L’Oréal ou encore Siemens font partie des entreprises qui envoient leurs cadres travailler leur ‘‘business english’’ dans cette école. « Nos client sont des cadres expérimentés qui ont déjà une belle carrière dans leur entreprise et arrivent à un niveau où ils ont besoin de travailler à l’international », précise Martin McDonald, directeur commercial et marketing de l’école. Moyenne d’âge : 38 ans.

Des programmes sur mesure

L’école propose des programmes généralistes, comme ‘‘International Business Communication’’ et des cours plus spécialisés, comme l’anglais des RH, l’anglais juridique, ou encore des sessions réservées aux banquiers et aux professionnels du secteur public. Chaque client compose son programme selon ses objectifs. Il peut mixer cursus généraliste et spécialisé et même y ajouter des sessions de tutorat individuelles. Le programme est hebdomadaire, en moyenne, les stagiaires effectuent des séjours de deux semaines, mais des cursus de plusieurs mois sont également envisageables.

L’école propose également plusieurs programmes à destination des jeunes diplômés, qui veulent consolider leur anglais avant d’entrer dans la vie active. Ce vendredi matin, ils sont six réunis pour leur cours consacrés au droit de la concurrence : brainstorming, mini test, labo de langue, les ateliers s’enchaînent sans temps mort et Francis Duncan, leur professeur les sollicite en permanence. Dans la langue de Shakespeare, of course. Et on est loin des verbes irréguliers et de la coordination des temps. Le professeur (‘‘trainer’’ à la LSE) prend le temps de reprendre chaque étudiant sur sa prononciation ou l’accentuation de ses phrases. Le mot d’ordre est clair : ici, on forme à un anglais fin, nuancé et de très bon niveau !

Développer les compétences ‘‘business’’ en même temps que le niveau d’anglais

La particularité de cette école réservée aux professionnels, c’est d’aller beaucoup plus loin que le cours d’anglais classique. « Notre objectif est de développer les compétences en business à un niveau international chez nos clients », précise Martin McDonald. « Quand vous mettez six cadres sup de nationalité et de secteurs d’activité différents dans une pièce, vous obtenez une expérience internationale instantanée !

En début de séjour, l’école évalue les compétences de ses stagiaires dans différents domaines propres à la vie active : comment gérer une réunion ? Faire une présentation ? Négocier dans un contexte international… Les clients, bien entendu, peuvent insister sur les points qu’ils souhaitent travailler en particulier. Toute la semaine, en cours, ils développent ces compétences, notamment via des jeux de rôles. « C’est en faisant des erreurs que l’on apprend, rappelle Martin McDonald, le problème pour nos clients, c’est qu’une erreur dans un contexte professionnel peut coûter cher. Ici, il n’y a pas d’enjeu, les stagiaires peuvent se permettre de faire des erreurs sans conséquences ! »

Après une matinée de cours, tout le monde se retrouve pour le déjeuner. « On n’apprend pas l’anglais uniquement dans une salle de classe, les interactions entre élèves ou avec les profs sont primordiales pour gagner en fluidité et en confiance en soi », rappelle Martin McDonald. Professeurs et élèves s’attablent donc dans un léger brouhaha. Une seule langue est tolérée : l’anglais. « Tout le monde joue le jeu, se réjouit Suzan Médard, jeune Française en stage pour six semaines. On parle même anglais quand on se retrouve entre Français en dehors des cours ! »

L’école insiste beaucoup sur l’aspect social de l’apprentissage d’une langue. Tous les lundi soirs, elle organise un pot de bienvenue pour les nouveaux arrivants. Pour les clients, c’est encore l’occasion de travailler leur ‘‘small talk’’, cette capacité à parler de tout et de rien si indispensable quand on veut travailler son réseau… et qui manque cruellement aux personnes peu à l’aise en anglais.

Des résultats impressionnants et une confiance boostée

« Apprendre une langue, c’est comme apprendre un instrument de musique, estime Shirley Norton, directrice des études, il faut du temps pour éduquer son oreille. Ce n’est pas parce que vous travaillez comme un forcené 15 heures par jour que vous allez devenir bilingue en deux semaines. » L’école ne promet pas des miracles, mais les résultats restent impressionnants.

Suzan Médard est arrivée il y a cinq semaines. Ancienne ingénieure chez Bouygues Télécom, elle n’avait pas eu l’occasion de pratiquer l’anglais depuis près de sept ans. « J’étais incapable de suivre une réunion en anglais… mais j’ai eu un déclic pendant mon séjour ». Aujourd’hui, la jeune femme se sent même prête à animer une réunion dans la langue de Shakespeare.

Plus que l’amélioration de son anglais, c’est l’expérience internationale qui l’impressionne. « Au début, je ne comprenais pas les accents des autres étudiants étranger, mais au fur et à mesure, l’oreille s’y fait… et surtout, on apprend à écouter. » Idéalement, elle aimerait poursuivre encore sa formation, pour se sentir tout à fait sûre d’elle, mais elle se sent suffisamment à l’aise pour postuler à des postes à l’international à son retour en France.

Évidemment, ce type de séjour a un prix. Comptez entre 840 et 2 900 euros pour une semaine de cours à temps plein selon la formule (cours collectifs, tutorat individuel, combinaison des deux…), sans compter le logement sur place. Mais bonne nouvelle : si votre entreprise ne prend pas en charge ce type de formation, d’autres solutions existent. Comme le rappelle Damien Augier, manager France de Boa Lingua, partenaire de l’école : « les formations en langues qui préparent à certains examens ou tests, comme le Bulats, entrent désormais dans le cadre du Compte Personnel de Formation (CPF) ».

Marion Senant
Marion Senant

Vous aimerez aussi :