Doctorate of Business Administration (DBA) : le super diplôme de l’Executive Education

Marion Senant

Au-delà du master, les universités étrangères et les grandes écoles ont développé le DBA (Doctorate of Business Administration). Un diplôme de haut niveau qui permet aux professionnels de se lancer dans un véritable travail de recherche en gestion, tout en menant une carrière en entreprise.

1. Qu’est-ce que le DBA ?

Le DBA est né d’un constat : après un MBA, de nombreux professionnels voulaient poursuivre un travail de recherche ; aller plus loin dans leurs connaissances… mais un doctorat n’est pas compatible avec une activité à plein temps. C’est ainsi qu’ont été créé ces programmes de recherche compatibles avec une activité professionnelle. En France, Grenoble Ecole de Management a été la première école de commerce à en proposer, il y a plus de vingt ans. Depuis, plusieurs établissement se sont lancés, comme l'ESC Rennes, l'université Paris- Dauphine et, dernièrement, Toulouse Business School en association avec Audencia.

2. A qui s’adresse cet Executive Doctorate ?

Le DBA est un programme doctoral en quatre ans (en moyenne) qui ne s’adresse pas à de futurs chercheurs, mais à des personnes qui veulent avoir une prise de recul académique, tout en restant dans le monde de l’entreprise.

On distingue trois profils parmi les doctorants :

- Les professionnels expérimentés qui ont envie d’évoluer dans des postes de direction.
- Les managers en deuxième partie de carrière qui ont envie de se tourner vers l’enseignement.
- Les consultants, qui ont besoin d’une caution académique pour assoir leur activité.

3. Pourquoi se lancer dans un DBA ?

Le défi intellectuel est à la base de tout… quel que soit le profil du futur doctorant. Alexina Portal, consultante indépendante diplômée en 2012 du DBA de Grenoble EM, l’explique : « dans mon métier, on est toujours sur la brèche. J’avais besoin de référence pour réfléchir en amont ». Pour Fernando Lagrana (diplômé en 2011 de Grenoble EM) c’est la « peur de ronronner » qui l’a poussé à se lancer dans un DBA, après vingt ans passé dans une institution internationale.

4. Comment se déroule un programme DBA ?

En France, les DBA ont un peu tous la même structure. « Les enseignements sont concentrés sur la méthodologie, explique André Sobczak, directeur de la recherche à Audencia et co-directeur du nouveau programme DBA Audencia-Toulouse Business School, les cours ont lieu à intervalles réguliers pendant les deux premières années du programme.

Le reste du temps est consacré au travail du doctorant sur sa thèse. « Il y a peu d’heures de cours, mais ce que recherchent avant tout les participants, c’est la possibilité de pouvoir échanger régulièrement avec leur directeur de thèse sur des sujets pointus », estime le professeur.

5. Quelle charge de travail cela représente-t-il pour les participants ?

La grande difficulté du DBA est qu’il s’agit d’une formation très longue. « Au quotidien, l’investissement personnel n’est pas particulièrement élevé. L’important, c’est de tenir sur la durée et d’être régulier dans son travail », affirme Valérie Sabatier, directrice associée de la Doctoral School de Grenoble EM. Il faut compter une heure de travail personnel par jour et une demi-journée par week-end.

6. Quelles sont les entreprises intéressées par le DBA ?

La plupart des titulaires d’un DBA travaillent dans de grandes entreprises internationales, dans le milieu du conseil (Big Four), mais aussi de la finance ou de l’industrie. Certains groupes font du doctorat exécutif un élément à part entière de leur politique de gestion de carrière, comme Nestlé, Total ou encore Carlsberg.

7. Le DBA entraîne-t-il une hausse de salaire ?

Contrairement à un MBA, on n’observe pas un énorme gap au niveau du salaire après un DBA, ou un grand changement dans une carrière. « L’augmentation de salaire n’est pas la motivation principale des participants. Souvent, ils ne sont pas dans une logique de changement d’entreprise, mais de légitimation d’une expérience professionnelle par un travail académique », explique André Sobczak.

8. Quel sont les bénéfices d’un DBA au niveau professionnel ?

Le programme apporte une nouvelle structure aux diplômés : « le DBA oblige à penser différemment, à structurer son approche. On est dans le domaine de la preuve, pas de la tendance. Depuis trois ans, j’utilise cette méthodologie dans mon quotidien professionnel et j’aborde mon métier de façon complètement différente », analyse Alexina Portal.

Vincent Bernard, lui, vient tout juste de soutenir sa thèse. Le DBA n’a pas encore eu d’impact majeur sur l’évolution de sa carrière, mais il ressent déjà des bénéfices sur le plan du développement personnel : « Le DBA me donne du recul par rapport aux événements. Il a développé mes capacités d’analyse, d’écriture… J’ai beaucoup gagné en confiance en moi professionnellement », observe-t-il.

Diplômé depuis plus longtemps, Fernando Lagrana a lui observé un changement dans le regard de ses collègues : j’ai acquis une autorité nouvelle. A ce stade de ma carrière, je n’ai pas fait le DBA pour obtenir une promotion. En revanche, je voulais que ça ait un impact sur la qualité des missions qui m’étaient confiées et c’est le cas. Depuis mon DBA, on m’en a confié avec beaucoup plus de travail de recherche à effectuer ». Sans compter que le doctorat lui a ouvert les portes de l’enseignement. Aujourd’hui, le fonctionnaire international enseigne en France et en Suisse

9. Combien coûte un DBA ?

Le prix d’un DBA est proche des tarifs pratiqués en Executive MBA. Le programme de Toulouse BS/Audencia coûte 28 000€ pour une formation étalée sur trois ou quatre ans. Chez Grenoble EM, où le programme a déjà vingt ans, la formation coûte 45 000€ sur quatre ans. « En France, on est encore loin des tarifs pratiqués aux Etats-Unis », précise Valérie Sabatier. Là-bas, un DBA coûte en moyenne 110 000$.

10. Comment choisir son DBA

Le principal critère au moment de choisir son programme, c'est le corps professoral. Le DBA est avant tout un travail de recherche, il faut donc se renseigner sur les thèmes de recherche de chaque école et des professeurs qui y enseignent. Par exemple, Grenoble EM est connue pour sa spécialisation dans les nouvelles technologies. Un professionnel du secteur des télécoms, comme Fernando Lagrana, y trouvera des chercheurs pointus sur son secteur, à même de les guider dans leur thèse. 

Marion Senant © Cadremploi

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