Ils ont eu du flair. En 2002, quand Delphine Toliopoulos, 22 ans, et François Donnet, 25 ans, deux étudiants français exilés en Australie, découvrent l'enseigne « Boost juice » spécialisée dans le commerce des smoothies, ces jus de fruits frais plébiscités par les locaux, c'est le déclic. Voila un bon concept, qui mériterait un bon business plan et pourquoi pas une implantation au pays de la baguette. En théorie bien sur, il ne s'agit encore que de valider leur MBA finances et entrepreneuriat commencé à l'Inseec Paris. Mais ce qui ne devait être qu'un travail d'étudiant est devenu réalité.
Un MBA, ça mène à tout
Pas étonnant, se dit-on, puisqu'il sont diplômés d'un MBA entreprenariat. Pas si sûr, car la majorité des étudiants détenteurs du précieux sésame choisissent au final la voie moins risquée d'une carrière de cadre dans une grande entreprise. Les belles intentions estudiantines ne pèsent généralement pas lourds face aux faramineux salaires proposés par les grands groupes à ces surdoués de la gestion entrepreneuriale. « Pour moi, me lancer dans un projet d'entreprise était naturel. Je sentais en moi une fibre d'entrepreneuse », rapporte Delphine.
La jeune femme n'a pas été déçue par les enseignements dispensés pendant son MBA : « Nous sommes davantage coachés par des professionnels. Nous étudions concrètement toutes les étapes pour monter un business plan. » Expatriée en Australie dans le cadre de son cursus avec François son ami de promo, Delphine a rapidement imaginé mettre en pratique ces enseignements du MBA. « L'idée d'importer le modèle des smoothies en France était porteuse. Dans l'Hexagone, le slogan 'Mangez cinq fruits et légumes par jour' tournait en boucle mais rien ne bougeait vraiment. Il y avait un créneau à prendre, j'en avais la conviction », commente Delphine.
Un MBA ne suffit pas en France... mais plaît aux belges
De retour en France et après plus de deux ans aux services d'un commissaire aux comptes, la jeune femme et François sautent le pas et entament la tournée des banquiers. Il faut vendre cette juteuse idée. Mais tous sont demeurés sourds à leur enthousiasme. Entre l'étude prévisionnelle, les démarches et la levée de fonds nécessaires à l'ouverture d'un premier magasin dans le quartier de la Défense à Paris, il se sera finalement écoulé plus d'une année. La solution à leur problème de financement, Delphine et François sont allés la chercher de l'autre côté de la frontière. Un fonds d'investissement et une banque belges n'ont pas hésité, eux, à se lancer dans l'aventure. Pourquoi ? « Le MBA est un label internationalement reconnu, gage de sérieux et de professionnalisme. Une bonne idée plus un bon diplôme, il aurait été dommage de ne pas tenter le coup. »
Conscients de leurs limites
Delphine et François sont de vrais pros conscients de leur limites : plus calés en gestion d'entreprise qu'en gestion sociale, les deux jeunes patrons ont choisi de se faire épauler par un avocat spécialisé et embauché une comptable. Leur entreprise baptisée Hélixir, créée en 2006 et spécialisée dans la distribution de cocktails et de fruits frais, se développe à un bon rythme. La société compte aujourd'hui une trentaine de salariés et huit points de vente, implantés principalement en Ile-de-France. Une quinzaine d'ouvertures sont prévues d'ici à fin 2008. Et quand on demande à Delphine si les banques françaises revoient aujourd'hui leurs positions alors que l'entreprise à le vent en poupe ? La réponse est : « Non ! Car notre société est encore trop jeune à leurs yeux... »