Patron, aide-moi et mon MBA t'aidera !

Tiphaine Réto

30, 40 ou 50 000 euros... Les prix des formations MBA en rebutent souvent plus d'un, malgré les possibilités qu'assure l'un des diplômes les plus réputés. Une solution : convaincre vos employeurs de mettre la main à la poche. De plus en plus de sociétés sont prêtes à financer un cursus MBA.

MBA. Trois lettres inscrites au panthéon de la réussite. Longtemps préférés par les entreprises américaines, les diplômés d'un Master of Business Administration séduisent de plus en plus les sociétés françaises. A tel point que celles-ci franchissent le cap pour financer cette formation à leurs meilleurs salariés. A l'Insead, le nombre de participants soutenus financièrement par leur employeur a presque doublé en trois ans pour atteindre 17 % en 2010. Ce chiffre grimpe même à 72 % chez les participants de l'Executive MBA dispensé par ESCP Europe. « Les entreprises se disent qu'il faut se donner les moyens de sortir de la crise et cherchent donc à motiver leurs cadres en leur donnant toutes les cartes en main pour diriger », analyse la directrice du programme, Marianne Conde Salazar.

 

Offrir des perspectives

Un avis partagé par Didier Rousseau, fondateur du cabinet de conseil Weave : « On est dans un monde qui évolue très vite et les hauts potentiels sont recherchés par tous. Si vous voulez avoir les meilleurs, vous devez leur offrir des perspectives. » C'est le pari de Gilles Lucas, directeur d'Oléon France, qui a financé l'intégralité des 42 000 euros du Executive MBA de l'ESCP Europe pour l'un de ses commerciaux. « Nous sommes une jeune entreprise de huit personnes. Et après quelques années chez nous, Philippe avait peu de chance de pouvoir évoluer à son poste de commercial. Quand il nous a parlé d'un MBA, je me suis dit que c'était un moyen de le remercier de ses efforts et de l'encourager. » Entre temps, la société spécialiste en produits oléochimiques a créé une joinventure... dont Philippe a pris la tête.

 

Moins cher d'investir dans un salarié que l'on connaît

Prise de responsabilité, hausse souvent conséquente de salaire... Pour une société, les frais engendrés par le MBA d'un salarié s'arrêtent rarement au seul coût de la formation. Une perspective qui peut en rebuter certaines. « Mais la plupart se rendent compte que c'est toujours moins cher d'investir sur la motivation d'un salarié dont on est sûr de la loyauté et des compétences que de recruter quelqu'un dont on ne sait pas grand chose », note Marianne Conde Salazar.

D'autant plus que les mentalités ont évolué. « Les entreprises sont entrées dans un mode « apprenant », reprend Didier Rousseau. Elles savent désormais que plus un salarié accède à du savoir, mieux c'est pour elle. » Car le bénéfice du MBA ne va pas qu'au seul diplômé. « Dans le cadre d'un Executive MBA, poursuit la directrice de l'ESCP, le retour est quotidien puisque nos étudiants continuent à travailler pour leur employeur pendant leur cursus. Ils arrivent souvent avec un cas concret qu'ils essaient de résoudre pendant la formation. » Penser à l'entreprise, à ses tournants et à ses choix est souvent le meilleur argument pour convaincre son responsable d'ouvrir le porte-monnaie à MBA. « C'est vrai que Philippe a appris concrètement au fil de son cursus à prendre les rênes pour être fin prêt à sa prise de poste », observe Gilles Lucas.

 

Un réseau à l'international

Pour Irina Schneider-Maunoury, responsable des financements à l'Insead, le MBA permet surtout d'élargir l'horizon du salarié, et donc de la société. « Qui dit école dit réseau, note la responsable. A l'Insead, nous comptons plus de 42 000 anciens répartis autour de la planète. » Un atout considérable pour un développement à l'étranger sur lequel mise toutes les écoles. « La dimension internationale d'un MBA offre effectivement des perspectives énormes pour une société en plein développement, confirme Didier Rousseau. Surtout si tout ou partie de la formation se fait à l'étranger. Le salarié peut arguer de son besoin de s'imprégner d'une zone ou d'une culture pour lancer de nouveaux marchés. »

 

Accepter des contreparties

Reste que les formations à l'étranger rajoutent un coût supplémentaire aux 40 000 euros moyens demandés pour un MBA... et qu'il n'est pas rare de devoir céder à des contreparties pour obtenir l'adhésion de son employeur. Se lancer sur de lourds dossiers, renoncer à un bonus ou à une augmentation annuelle... ou s'engager à une sorte de retour sur investissement en restant dans l'entreprise après la formation. « Philippe s'est engagé à rester cinq ans dans notre société, note Gilles Lucas. Mais comme il a pris des responsabilités, je pense que ça ne lui coûte pas trop. »

 

Autres articles du dossier :

Patron, aide-moi et mon MBA t'aidera !

« Une touche d'humain en plus dans le travail »

 

Tiphaine Réto
Tiphaine Réto

Vous aimerez aussi :