Quel retour sur investissement pour un MBA ?

Régis Delanoë

Avec plus de 50 000 euros en moyenne à débourser et parfois bien plus, le MBA est un investissement lourd à prendre en charge pour celui ou celle qui s’y inscrit. Mieux vaut donc être sûr de pouvoir le rentabiliser. De ce point de vue, les écoles se veulent rassurantes en avançant les perspectives de carrière sur le long terme qu’un tel diplôme peut offrir et les avancées conséquentes de rémunération.

Les premiers mois

De même qu’il existe une multitude de MBA, leurs tarifs d’entrée varient aussi énormément. Il faut néanmoins s’attendre à débourser au minimum 25 000 euros pour s’inscrire à un programme full time en business school et parfois jusqu’à 100 000 euros pour les diplômes internationaux les plus prestigieux. La moyenne se situe aux alentours des 50 000 à 60 000 euros pour un temps de scolarité qui varie, lui aussi, de un à deux ans. Dans un tel cas de figure, il paraît impossible d’envisager un retour sur investissement à court terme. Seuls les moins chers le sont, comme l’affirme Charles Berger, directeur du programme MBA de l’ISC Business School, qui parle d’une rentabilité raisonnable estimée à 18 mois. « Ce n’est pas à la portée de toutes les bourses, mais par exemple pour un cadre France Télécom arrivant chez nous à 40 000 euros par an de salaire, il peut le renégocier autour de 50 000 euros par an dans les mois qui suivent l’obtention du diplôme. » Attention tout de même à bien prendre en compte le fait que pour un MBA full time, sauf exception, il faut s’y consacrer à 100 % et donc se mettre en retrait du monde professionnel pendant toute sa durée, avec les sacrifices financiers que ce choix implique.

Après 2 à 5 ans

S’agissant des MBA internationaux particulièrement, le retour sur investissement ne peut s’observer qu’au bout de quelques années. « D’après un calcul de Forbes sur notre full time, il faut quatre ans en moyenne pour rembourser les frais investis à l’inscription », précise Sarah Neher, directrice des admissions de la Darden School of Business, un MBA à 60 000 euros les 21 mois de formation mais qui permet de considérablement revoir à la hausse ses émoluments (de 38 000 euros/an de revenus à 88 000 euros d’après la même étude). « Un MBA, en moyenne, c’est une hausse de 30 % de son salaire dans l’année qui suit l’obtention du diplôme et 50 % dans les cinq ans qui suivent », estime de son côté Alon Rozen, doyen de l’Ecole des Ponts. Un calcul sensiblement similaire à celui que fait Georges Nikakis, directeur de la formation continue à l’IPAG : « même si obtenir de telles augmentations après un MBA n’est pas automatique. Parfois, la hausse des revenus peut se faire sous forme de primes plutôt que sur le fixe. » Un diplômé MBA étant plus productif, il dégage logiquement plus de marges et est en conséquence mieux rémunéré. Conséquence : certains diplômés des meilleurs MBA peuvent carrément voir leur salaire doubler. Ainsi, d’après le « QS Return on investment report »datant d’il y a quelques mois, le salaire moyen d’un diplômé MBA européen est de 84 000 euros par an, contre à peine 47 000 euros pour un diplômé de Master. Plus impressionnant encore, toujours d’après la même étude, le salaire moyen d'un diplômé MBA dans le secteur des services financiers et bancaires est de 95 050 dollars (près de 85 000 euros) contre 53 127 dollars (un peu plus de 45 000 euros) avant.

Sous 10 ans et plus

Mais plutôt que d’espérer un retour sur investissement rapide, c’est surtout sur le long terme d’une carrière que l’acquisition d’un MBA s’avèrerait le plus intéressant, juge Rémy Challe, directeur des MBA du groupe INSEEC : « Ce diplôme est le meilleur des passeports pour un emploi durable à de hautes fonctions managériales. Dans le contexte économique actuel, c’est une excellente opportunité d’acquérir à la fois un panel complet de compétences managériales, un diplôme reconnu internationalement et un vaste réseau par le biais des collègues de promotion et des formateurs. » Ainsi, il est également considéré comme « un bon placement, au moins jusqu’à ses 40 ans » par Charles Berger. De quoi planifier une belle carrière de cadre supérieur pour les deux à trois décennies à venir. « Les participants ne se risqueraient pas à payer un prix assez fort, à suspendre leur carrière pendant un ou deux ans et souvent à partir à l’étranger s’ils n’étaient pas convaincus du bon sens de cet investissement », analyse, pragmatique, Paul McDonagh, directeur d’Audencia MBA. Illustration avec le cas d’Emmannelle Bely, diplômée d’un MBA de l’Université de Chicao Booth School of Business il y a dix ans, ancienne avocate aujourd’hui conseillère juridique chez Danone. « Il faut considérer le MBA comme un vrai plus dans une carrière, témoigne-t-elle. Il offre la possibilité de viser à des postes inaccessibles sans. »

 

Régis Delanoë
Régis Delanoë

Après un Master obtenu à l’Institut d’études politiques de Rennes, Régis Delanoë s’est mis à son compte en tant que journaliste indépendant. Multitâche, il travaille depuis plus de dix ans dans le vaste domaine de la presse écrite et web. Enquêtes, reportages, interviews et veille de l’actualité : il s’est notamment spécialisé dans le secteur de l’emploi et de la formation, s’intéressant de très près aux nouvelles tendances et aux évolutions à venir en la matière.

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