Quelle importance donnent les recruteurs aux classements MBA ?

Benjamin Dusaussoy

À l'instar des écoles de commerce ou d'ingénieurs, les MBA possèdent leurs propres classements. Qu'en pensent véritablement les recruteurs ?
Quelle importance donnent les recruteurs aux classements MBA ?

Le top 10 a la cote

Face à une culture française où règne le poids des classements dans le domaine des études supérieures, le parallèle peut-il être dressé avec les MBA ? « À l'inverse d'autres pays, comme en Allemagne ou aux États-Unis, de manière générale, en France, nous jugeons non pas sur ce que les personnes sont capables de faire à un instant T mais sur ce qu'elles ont déjà prouvé qu'elles savent faire, témoigne Marc Puyoulet, directeur général du cabinet Hudson France. Donc forcément, le candidat ayant réalisé un MBA du top 10 à l'instar de l'Insead, de l'IMD à Lausanne ou d'autres aux États-Unis comme Harvard ou Stanford sera regardé avec plus d'attention. »

Les participants des programmes MBA sont pour la plupart voués à embrasser des carrières en direction générale ou à des postes à hautes responsabilités. « De ce fait, une attention singulière peut être apportée à la qualité du MBA et son classement », indique Karine Doukhan, directrice de la division internationale chez Robert Half. Un gage d'autorité pouvant faire foi auprès de décisionnaires en entreprise comme des collaborateurs. Mais comme elle le précise, « les recruteurs connaissent surtout le top 10 et seront particulièrement attentifs à ceux ayant participés à l'un de ces cursus. Mais ce n'est pas parce le MBA n'est pas dans tel classement que nous n'allons pas le regarder. Un candidat qui aura réalisé ce type de parcours d'excellence aura de toute façon une démarche plus globale par rapport aux autres. »

 

Une indication, pas une affirmation

Des classements relativisés par les professionnels, d'autant que les positions évoluent peu. « D'une année à l'autre, The Economist ou the Financial Times veulent faire un coup et soudainement les grands MBA sont concurrencés par l'Insead ou un autre. Mais en réalité, les positions restent relativement figées. Certains MBA aujourd'hui de qualité vont donc gagner leurs lettres de noblesse avec le temps », constate Marc Puyoulet. Autre argument qui restreint la portée des classements aux yeux des recruteurs : le prix élevé des meilleures formations qui limitent leur accès « à l'heure où les programmes sont de plus en plus financés par les candidats eux-mêmes et de moins en moins les entreprises », note Jean-François Fiorina, directeur général adjoint de la Grenoble école de management (GEM). Comme l'indique Karine Doukhan : « tout le monde ne peut pas se les payer quant on sait que certains coûtent jusqu'à 70 000 euros. S'il convient de s'intéresser à cette hiérarchisation des MBA, il ne faut pas en être accros », précise-t-elle.

 

Le profil du candidat plus que le classement

Accréditations, cursus possibles à l'étranger, corps professoral, avis des anciens… Il existe bien d'autres critères déterminants. Côté candidats, comme recruteurs. « Nous regardons surtout les compétences et le profil du candidat avant le MBA, puis ce qu'il est devenu après, précise Marc Puyoulet. Cette formation lui a-t-elle permis de conforter ses forces, de résoudre ses faiblesses ? Que le MBA soit classé 40 ou 50ᵉ, je n’y suis personnellement pas sensible. Un classement parmi les meilleurs peut donner un avantage au départ, certes, mais dans la vie professionnelle, nous savons bien que les forces peuvent s'équilibrer. »

MBA à distance, en part time, full time, Executive ou non... Forte des nombreuses méthodes pédagogiques existantes, l'offre de formation s'est largement étendue ces dernières années. Face à ces multiples critères, pas toujours facile de s'y retrouver pour les recruteurs. Pour Karine Doukhan, « de toute façon, le MBA qui fait mouche sur un CV, c'est surtout l'Executive. » Savoir-faire comportementale, objectif d'augmentation salariale, management d'équipe pour des profils plus techniques... Si les classements peuvent être gage de crédibilité, tous les MBA n'ont pas la même portée. Or, la majorité des classements se base sur des critères de retour sur investissement financier voir de sélectivité à l'entrée. Difficile donc d'en tirer des généralités. « Je ne conseille pas aux candidats de regarder ces classements », ajoute d'ailleurs le directeur général du cabinet Hudson France.

Benjamin Dusaussoy
Benjamin Dusaussoy

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