Comment financer un projet de franchise ?

Fiona Collienne

Vous avez trouvé votre secteur d’activité de prédilection, choisi un réseau de franchise et noué des liens avec un franchiseur. Reste maintenant l’étape décisive : celle de l’étude de financement de votre projet. Existe-t-il des alternatives au prêt bancaire ? Focus sur les acteurs et les dispositifs essentiels à ce stade de votre projet.

Toutes les grandes banques françaises ont développé des pôles d’expertise centralisés en matière de franchise, ce qui leur assure une fine connaissance du marché. « Je conseille au candidat de se rapprocher des banques avec lesquelles le franchiseur a développé un partenariat : elles connaissent bien les réseaux ce qui permettra à l’entrepreneur de gagner du temps et sa demande de financement sera ainsi mieux appréhendée », indique Florence Soubeyran, responsable franchise et commerce associée à la Banque Populaire.

Que va vérifier la banque ?

La banque, qui finance à hauteur de 70 % maximum de l’investissement global, doit s’assurer de la viabilité du projet de franchise. Plan de financement, besoin de fonds de roulement, prévisionnel d’exploitation… Les non-initiés peuvent faire appel à une société de conseil, à un expert-comptable ou encore à un courtier en financement professionnel comme Creditrelax. « Nous jouons le rôle d’intermédiaire entre l’entrepreneur et la banque afin de vérifier la faisabilité du dossier et d’assurer au candidat une solution globale qui soit avantageuse en matière de taux, d’apport personnel, de garantie, de caution, d’assurance et de frais bancaires quotidiens », précise Jean-Philippe Deltour, fondateur associé.

La crise n’impacte pas les prêts

Malgré la crise, les banques n’ont pas fermé le robinet du crédit car elles continuent à croire très fortement au modèle économique de la franchise. « Les chiffres prouvent qu’un entrepreneur qui démarre en franchise rencontrera moins de difficultés qu’en création pure », indique Nathalie Dubiez, responsable de la stratégie de conquête du marché entreprises pour HSBC France. Même son de cloche du côté de la Banque Populaire, où les encours de crédit aux entreprises sont en progression de 4 % fin 2011. Pour autant, ceux qui accompagnent les porteurs de projet ont un avis plus tempéré. « Les banques sont plus vigilantes et les dossiers doivent être plus rigoureux, mieux justifiés », remarque Jean-Philippe Deltour. « Il y a de bons et de moins bons franchiseurs donc nous nous devons d’être sélectif et ce même si le modèle économique a déjà fait ses preuves », se défend Florence Soubeyran de la Banque Populaire.

Un apport personnel d’environ 30 %

Crise ou pas crise, la franchise n’est pas une assurance tout risque. Les banques exigent une série de garanties (nantissement du fonds de commerce, caution personnelle d’un associé voire hypothèque d’un bien en dernier recours) ainsi qu’un apport personnel qui représente généralement 30 % de l’investissement global. « Tout dépend du secteur d’activité », précise toutefois Nathalie Dubiez. La banque sera moins exigeante pour le secteur des services à la personne, par exemple, que pour un projet dans l’hôtellerie. Qu’est-ce qui peut constituer un apport de fonds propres ? « Il s’agit prioritairement de l’épargne personnelle du candidat, très regardée et appréciée dans la mesure où elle témoigne de la capacité d’économie et de gestion du futur franchisé », explique Philippe Tougeron, expert-comptable et directeur associé du cabinet Adventi Franchise. Mais les donations et prêts d’honneur peuvent aussi être considérés comme des fonds propres à titre d’apport personnel.

Défricher les aides publiques

Pour réduire sa propre caution, le futur franchisé peut faire appel à des sociétés de cautionnement mutuel ou à des organismes publics comme Oséo, qui partage le risque aux côtés de la banque (voir encadré). Par ailleurs, il existe une myriade d’aides publiques destinées à favoriser la création d’entreprise : Nacre, Adie, Accre, France Initiative… Attention, toutefois, à bien se renseigner car les franchisés qui bénéficient de l’accompagnement d’un réseau n’ont pas forcément accès à toutes ces subventions.

Gare au « coup de pouce » du franchiseur

Certaines têtes de réseau proposent d’aider leurs futurs franchisés en leur accordant un prêt ou en allant jusqu’à une participation au capital. « Ce n’est pas du tout recommandé : le commerçant doit rester vigilant par rapport au degré d’ingérence du franchiseur dans son activité », indique Philippe Tougeron, expert-comptable. Dans la mesure du possible, il faut veiller à ce que cette solution reste temporaire.

L’exigence des banques : un filet de sécurité ?

On le voit, l’emprunt bancaire continue à avoir le vent en poupe dans le domaine de la franchise et la tendance n’est pas prête de se renverser. Et si les banques sont plus exigeantes en matière de garantie, cela peut au final se révéler bénéfique pour le candidat à la franchise. « C’est dans son intérêt de limiter l’emprunt pour ne pas démarrer son projet avec une dette trop importante, qui fragiliserait le modèle économique du point de vente », conclut Nathalie Dubiez.

Fiona Collienne

 

Le retour à l’emprunt reste stable !

En 2011, l’achat de la franchise était financé en moyenne à 60 % par l’emprunt ou le crédit bail (comme en 2010) et à 37 % par les ressources propres (38 % en 2010).

En 2011, pour tout ou partie de leur financement, 68 % des franchisés ont utilisé des ressources propres (77 % en 2010), 71 % un emprunt bancaire classique (80 % en 2010), 8 % un crédit-bail (4 % en 2010), 2 % l’Accre ou la Nacre (comme en 2010), 3 % un prêt à la création d’entreprise (2 % en 2010), 1 % à l’aide d’une plateforme locale (comme en 2010), 12 % d’autres sources de financement (11 % en 2010).

Source : Enquête annuelle de la franchise réalisée par le CSA pour la Banque Populaire, en partenariat avec la fédération française de la franchise.

 

« Notre intervention suscite un engagement de modération de la part des banques », Jean-Marc Durand

Directeur adjoint de l'exploitation d'Oséo, Jean-Marc Durand nous précise le champ d’intervention de cet organisme public.

En quoi consiste la garantie d’Oséo ?

Dans le cadre d’un accord entre les banques et Oséo, nous octroyons une garantie de 50 % au concours bancaire. Notre intervention en partage du risque ne dispense pas le chef d’entreprise de toute garantie : en cas de recouvrement, il va participer au remboursement de créance à hauteur de sa propre garantie. Ensuite, la banque et Oséo partageront le risque résiduel. Notre intervention suscite toutefois un engagement de modération de la part de la banque. Elle s’empêche toute hypothèque sur l’habitation personnelle du dirigeant et toute caution de celui-ci supérieure à 50 %. L’idée est que le risque soit partagé de telle sorte que chacun intervienne en responsabilité.

Avez-vous constaté une hausse des recouvrements ?

Non, il n’y a pas de croissance de la sinistralité malgré la crise et l’augmentation du nombre de créations. Nous avons affaire à des entreprises de mieux en mieux créées, conseillées et financées.

Oséo propose également un prêt à la création d’entreprise…

Il s’agit d’un prêt qui peut aller jusqu’à 7 000 euros et qui ne nécessite aucune caution personnelle ni garantie. Toutefois, il faut savoir que ce prêt est limité à un plan de financement de 45 000 euros, ce qui est rare dans le cas de la franchise, à l’exception des projets qui ne nécessitent pas beaucoup d’investissement initial.

Propos recueillis par F.C.

Fiona Collienne
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