Travailler à Singapour : choc des cultures dans un environnement à tendance chinoise

Maurice Herschtal

Pour la huitième année consécutive, Singapour a été élu premier pays au monde pour la facilité à y faire des affaires, le résultat d’efforts constants du gouvernement pour créer un climat favorable au business.
Travailler à Singapour : choc des cultures dans un environnement à tendance chinoise

Surnommée la Suisse de l’Asie, Singapour est réputée pour sa propreté, sa sécurité, ses espaces verts. Son économie saine et florissante la classe au 3ᵉ rang mondial en termes de PIB par habitant. Cette cité-état de 5,4 millions d’habitants, au régime de démocratie autoritaire très policée est gérée comme une entreprise où censure et contrôles sont omniprésents. Le chômage y est inexistant et les salaires relativement élevés.

Considérée comme un paradis fiscal, elle est un lieu d’implantation idéal pour bon nombre de sièges régionaux. Plus de 600 entreprises françaises y ont élu domicile. Carrefour stratégique sur la carte géopolitique de l’Asie, le port singapourien de conteneurs dépasse Hong Kong et rivalise avec Shanghai. La cité-Etat pratique toutefois une politique d’immigration très sélective : un visa de travail est indispensable pour tout non-résident qui souhaiterait travailler à Singapour.

 

Société pluriethnique et culture chinoise prédominante

Singapour se trouve au croisement de trois zones culturelles : chinoise, indienne et islamique. Ces trois influences ont imprégné la mentalité et les comportements sociaux des résidents. Les autorités accordent une importance capitale à la cohésion sociale de cette société multiculturelle et multiconfessionnelle. Cependant des tensions sous-jacentes subsistent entre les communautés et minorités qui se sentent souvent méprisées par les Chinois, groupe ethnique des trois quarts des Singapouriens.

C’est donc la culture chinoise qui prédomine. On retrouve toutes les caractéristiques confucéennes du monde chinois du travail : l’harmonie sociale, l’importance de la "face", une hiérarchie très marquée, le respect du pouvoir et l’influence des "Guanxi" (réseaux de relations professionnelles). Les traditions ancestrales telles le culte des ancêtres et les superstitions sont également très présentes. La nature collective très marquée de la société singapourienne fait primer l’intérêt du groupe sur l’intérêt personnel. Vie privée et vie professionnelle sont étroitement entremêlées.

Stricte hiérarchie

Travailler avec des Singapouriens ne pose en général pas trop de problèmes, à condition de respecter les codes culturels, en particulier la face et la hiérarchie. Le risque de "perdre la face" n’est pas un mythe et demande une grande finesse dans le management des équipes.

Dans cette société éminemment paternaliste, les subordonnés doivent obéissance et respect absolus à leur chef. Ils attendent de lui des décisions claires et des instructions précises. Ils ignorent le management participatif : les décisions sont prises par le patron et les ordres sont exécutés immédiatement et sans discussion. Il y a peu de place pour la créativité et l’initiative individuelle.

Les réunions de travail sont en fait des réunions d’information : la direction y fait part de ses décisions et transmet ses instructions. Il n’y a pas d’échange d’opinions, ni de débat ou de commentaires. Le manager devra cependant aider ses collaborateurs à surmonter leur peur de commettre des erreurs et la crainte de perdre ou faire perdre la face.

 

Notion du temps marquée par le taoïsme

À Singapour, le temps est perçu comme circulaire et flexible. Cela se traduit par une approche opportuniste pragmatique des Singapouriens au travail, avec une gestion assez élastique des deadlines.

Un environnement en changement permanent et l’incertitude de l’avenir qui en découle se traduisent par un certain attentisme. Les Singapouriens ont du mal à se projeter dans le futur et sont réticents à s’engager sur des prévisions ou des plannings. Ils attendent en général que les problèmes surviennent et préfèrent les aborder de manière empirique, plutôt que de les anticiper.

Toutefois, les Singapouriens sont des travailleurs acharnés : les horaires hebdomadaires dépassent allègrement les 44 heures officielles.

 

Singapour : "the Fine City" (la cité des amendes)

Singapour est certainement le pays de l’ordre, de la sécurité et de la propreté. Mais tout cela a un prix : les interdictions sont nombreuses, les policiers vigilants et les amendes douloureuses. Quelques exemples parmi beaucoup d’autres : ne pas tirer la chasse d’eau vous coûtera 100$, souffler la fumée de votre cigarette en direction de votre voisin 500$ et jeter votre chewing-gum par terre 5000$ !

Maurice Herschtal
Maurice Herschtal

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